Colette et Jacques Rivière, une critique littéraire assumée

En 1906, Frédécric Hellouin se lance dans l’élaboration d’un programme de cours ((Cours professé à l’École des Hautes Études Sociales et publié sous le titre Essaie de critique de la critique musicale, Paris, A. Joanin & Cie, 1906)) axé sur la critique musicale. Le résultat de ses réflexions donnera lieu à un petit opuscule ((F. Hellouin, Essaie de critique de la critique musicale, Paris, A. Joanin & Cie, 1906.)), au style un peu jauni, qui tente de définir les objectifs de la critique. La dimension pédagogique y est immédiatement mise en avant, dès l’introduction où il note : « la critique musicale est l’explication des œuvres de musique, le contrôle de leur valeur, l’examen de leurs beautés, leurs défauts, et, subsidiairement, de leur interprétation ((F. Hellouin, ibid., p. 7.)). » Si l’auteur croit nécessaire d’apporter cette précision, c’est qu’en 1906, la chose ne va pas de soi. La critique a reçu en héritage une tradition complexe, représentée par autant de pédagogues (Fetis), de polémistes (Berlioz) et de poètes (Baudelaire). Alain Galliari, dans la préface de Colette au concert, souligne la coupure radicale qui existe entre les critiques littéraires et ceux qui ne se mêlent que de musique, en des temps où « la critique se trouvait simultanément servie sous [les] deux versants de l’écriture et du jugement musical ((A. Galliari, « Préface », Colette au concert, Paris, Le Castor Astral, collection « les inattendus », 1992, op. cit., p. 7.)). » De son côté, Hellouin croit déceler six catégories de critiques allant par deux, avant de tenter un classement de ses contemporains à la manière d’un archiviste du cadastre ((Les compositeurs littérateurs et les compositeurs non-littérateurs, les musiciens littérateurs et musiciens non-littérateurs, les littérateurs non musiciens et littérateurs musiciens intuitifs. Il précise plus loin : « par littérateur, j’entends celui qui attache une importance particulière à la forme de son discours, qui s’arrête plus au contenant qu’au contenu. » F. Hellouin, Essaie de critique de la critique musicale…, op. cit., p. 142. On reviendra plus loin sur cette classification.)).

Pour ma part, je préfère m’arrêter sur la coupure proposée par Alian Galliari. D’une part parce qu’elle offre une vision plus synthétique du milieu critique des premières années du siècle, d’autre part parce qu’elle semble dessiner un fil conducteur qui va de Baudelaire à Robert-Sigl ((Robert-Sigl est à peu prêt oublié aujourd’hui ; mais on verra qu’aux premières heures de la revue Disque, sa présence témoigne de la survivance d’une tradition littéraire qui va se diluer peu à peu.)) en passant précisément par Colette et Jacques Rivière. Il devient dès lors nécessaire d’observer la forme que prend la critique musicale lorsqu’elle naît sous de telles plumes. Et ce qu’implique pour un écrivain de se livrer à un tel exercice…

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